Histoire

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L'Hôtel de Sade, un monument protéiforme

Façade de l'Hôtel de Sade, côté rue du Parage

Situé au cœur de la vieille ville de Saint-Rémy-de-Provence, cet hôtel particulier matérialise la puissance de la famille de Sade, anoblie par le pape au XIVème siècle. Actuellement « musée archéologique » du site de Glanum, l'Hôtel de Sade est un bâtiment en perpétuelle évolution architecturale depuis le IVème siècle de notre ère.

Antiquité tardive

À l’origine, ce site est occupé par un vaste ensemble thermal datant du IVème siècle de notre ère, progressivement révélé grâce aux différentes campagnes de fouilles conduites depuis les années 1940. 

Restes d'hypocaustes dans la cour intérieure de l'Hôtel de Sade
Restes d'hypocaustes dans la cour intérieure de l'Hôtel de Sade

©CMN

Époque médiévale

Sur les vestiges des thermes est édifiée, au début du Moyen Âge, une première chapelle baptisée Notre-Dame-de-la-Tour. Au XIIème siècle, ce modeste édifice est transformé et agrandi, et devient l’église Saint-Pierre de Saint-Rémy-de-Provence sous l’impulsion de leurs propriétaires, les moines bénédictins de l’abbaye de Montmajour.

En 1318, le pape Jean XXII cède l’église Saint-Pierre à l’archevêché d’Avignon qui transforme l’église et les bâtiments annexes en maison de la Dîme (lieu où l’on entreposait le fruit de cet impôt prélevé par l’archevêque d’Avignon).

 

Façade de la maison de la dîme, qui se trouvait au 1er étage
Façade de la maison de la dîme (au 1er étage)

©CMN

De la Renaissance à la Révolution

En 1513, Balthazar de Sade (1461-1518) fait édifier un hôtel particulier dans un style mariant les répertoires gothique et Renaissance.

En 1563, à la suite des travaux entrepris, une nouvelle chapelle est édifiée pour accueillir la confrérie des Pénitents noirs qui l’occuperont jusqu’à la révolution de 1789.

Durant la période révolutionnaire, elle devient le siège d’une section d’un club montagnard. Puis, elle est transformée successivement en théâtre, en menuiserie et en atelier de forge
En 1897, elle s’effondre faute de travaux.

Aujourd’hui il est possible de distinguer une partie de la nef, du chœur et du transept de ce modeste édifice. À souligner qu’une partie du transept est certainement constituée par les vestiges d’un bassin d’eau froide, le frigidarium, des anciens thermes romains.

Restes de la chapelle des Pénitents noirs
Restes de la chapelle des Pénitents noirs

©CMN

De nos jours

L'ensemble des bâtiments est acquis et classé monument historique par l’État, en 1929, sous l'action conjointe de Jules Formigé (1879-1960), architecte en chef des monuments historiques, et de Pierre de Brun (1874-1941), fondateur du musée des Alpilles, qui le sauvent de la ruine. À partir de 1954, sous la houlette d'Henri Rolland (1887-1970), l'Hôtel de Sade devient le dépôt de fouilles du site de Glanum dont les collections seront présentées au public à partir de 1968.

Le site actuel s’étend sur environ 2000 mètres carrés et continue de présenter une sélection des plus belles pièces archéologiques provenant du site archéologique de Glanum.

La statue d'Hercule, identifiable grâce à la peau de lion sur ses épaules
La statue d'Hercule

©JLT